Il était aux alentours de 11h du matin. Le soleil trônait déjà haut dans le ciel. La plupart des étudiants étaient déjà en train de s'amuser dans l'établissement, s'ils n'avaient pas cours. Mais ce n'est pas le cas de Sayaka Mukuro. Elle ouvrit lentement ses yeux bleus, aveuglée par la lumière du soleil. Elle se redressa et regarda la chambre dans laquelle elle se trouvait ; elle avait emménagé dans les dortoirs du lycée la journée précédente dans une chambre double. Elle était seule pour le moment, ce qui ne la dérangeait pas : le silence fait partie de ses quelques amis. Elle balaya la chambre du regard ; c'était une chambre classique : deux lits, l'un à côté de l'autre, deux placards pour que les étudiantes puissent ranger leurs affaires. Les affaires de la jeune fille étaient toujours rangées dans sa valise, elle ne voyait pas l'intérêt d'utiliser les placards, de toute manière trop petits pour contenir toutes ses affaires. La jeune fille se saisit de son étui de violon posé à côté de son lit et l'ouvrit : elle se saisit de l'instrument et en vérifia l'accordage avant de le replacer délicatement dans l'étui. Elle avait prit l'habitude de faire ça tout les matins pour ne pas qu'il s'abîme. Si jamais elle venait à se retrouver en compagnie d'une colocataire, il vaudrait mieux pour elle qu'elle ne soit pas dérangée par l'instrument : Sayaka avait l'habitude d'en jouer tout les jours pour d'aérer l'esprit. Après avoir reposé l'étui sur le sol, la jeune fille se leva et déplaça Canvas de sa valise, son démon, un serpent blanc quelque peu paresseux qui dormait là, puis l'ouvrit. Celle-ci contenait un bon nombre de vêtements, mais beaucoup moins que ce que l'on pourrait attendre d'une fille de son âge. Elle se saisit d'un chemiser rose clair et d'une jupe bleue avant de refermer la valise et de se diriger vers la salle de bain. Là elle prit sa douche, s'habilla et fit sa toilette avant de ressortir poser son pyjama dans sa valise. Elle sortit d'un gest vif sa montre à gousset de sa poche : 11h45. Elle allait pour sûr se faire disputer par les professeurs pour avoir manqué les cours de la matinée de son premier jour, mais peut importe. Après avoir replacé la montre dans sa poche, elle invita Canvas à venir avec elle, ce qui le serpent fit instantanément : il longea le bras de sa maîtresse avant de s'enrouler autour de son cou et de se rendormir comme il avait l'habitude de le faire. Sayaka saisit son sac, y fourra quelques livres, enfila une paire de chaussures et sortit du dortoir. Alors qu'elle marchait d'un pas énergique dans le couloir, les étudiants présent la dévisageaient pour plusieurs raisons : certains se demandaient si c'était vraiment la surdouée dont ils avaient entendu parler, d'autres s'interrogeaient sur le genre de personne qui pouvait avoir un serpent pour démon, et quelques uns imaginaient déjà mille moyens de la draguer. La jeune fille continuait son chemin sans même leur adresser un regard et arriva finalement dans la grande salle : une bonne foule d'étudiants y étaient déja rassemblés et prenaient du bon temps. Sayaka prit une canette de DrPepper dans le distributeur et s'assit dans un des rares canapés libres, dans sa main gauche sa canette ouverte et dans sa main droite un livre de taille moyenne, avec une couverture noire sur laquelle on pouvait lire en lettres capitales jaunes : "ADVANCED QUANTUM MECHANICS". Alors qu'elle était plongée dans son livre, sirotant une gorgée de soda de temps en temps, un étudiant s'assit à côté d'elle et tenta de l'aborder :
-Hey, salut poupée, ça va aujourd'hui ? Je t'offre un verre ?
La jeune fille leva les yeux vers le propriétaire de la voix masculine et commenca à  l'étudier silencieusement : cheveux blonds, coiffés avec du gel, lentilles bleues qui couvrent en réalité des yeux marrons, cernes marquées, signe de fatigue de fêtard, marques très claires de l'usage d'une crème anti-rides sur la peau, joue droite rougie certainement à cause d'une gifle reçue par une quelconque conquête... Après cette étude appronfondie du physique de cet individu, Sayaka ramena ses yeux sur son livre tout en lâchant un simple mot avant de siroter une nouvelle gorgée de DrPepper :
-Gay.
Suite à cette réplique glaciale, l'individu décontenacé, laissa échapper un rire nerveux et répliqua d'une voix légèrement tremblante :
-Qu'est-ce que tu veux dire ma jolie ? Je ne suis pas sûr de te suivre...
Canvas siffla comme pour se moquer de l'individu. Sans même lever les yeux de son livre, Sayaka répliqua d'un ton neutre et direct :
-Tu es simplement et clairement gay. Ne le nie pas, c'est plus qu'évident, tu cherches seulement à passer pour un hétéro car tu n'assumes rien du ton orientation sexuelle. Et je ne suis pas intéressée pour ton verre, car, vois-tu, j'ai déjà une canette dans la main.
Une perle de sueur apparut sur le front du jeune homme, alors que tout le monde présent les dévisageaient à présent, tel des spectateurs d'une quelconque pièce de théâtre. Le jeune homme respira et répondit, d'une voix assurée avec un fond de stress :
-Tu crois vraiment que MOI, je suis gay ? Tu fais erreur poulette, je suis 100% hétéro et très intéressé par toi je dois l'avouer.
-Ah oui ? Alors la jolie trace de main masculine sur ta joue droite, elle vient de la dernière "poulette' à qui tu as adressé la parole alors ? A moins que cette poulette soit en réalité... un homme ?
Le visage de l'interlocuteur de la jeune fille vira au rouge alors que la bande d'homophobes qui lui servaient de potes lui addressaient un regard entre le dégoût et le mépris.
-HAHAHAHA, mais-mais-mais non, cette trace de main vient d-du copain de la fille qui j'ai dragué hier, C'EST TOUT !
Un rictus de fierté s'afficha sur le visage de la jeune fille, qui n'avait pas quitté son livre des yeux depuis le début ; il était vrai qu'elle aimait beaucoup afficher ses talents de déduction au grand public. Canvas semblait rire de la situation, alors que le démon du jeune homme, un petit furet de couleur fauve, tentait de se cacher de l'humiliation que subissait son maître. Toujours sans quitter son livre des yeux, la jeune fille aux cheveux roses renchérit :
-Tu te défends plutot violemment pour un innocent... J'utiliserais comme preuve supplémentaires la quantité astronomique de gel dans les cheveux, la crème anti-rides à la taurine étalée grossièrement sur ta peau et tes yeux clairement fatigués par une long nuit passée en bonne compagnie. Et encore je ne parle pas de tes sous-vêtement visibles à des kilomètres ou de ta démarche très légèrement titubante, qui confirme tes occupations de la nuit dernière.
Sayaka lui lança alors un sourire satisfait. Elle l'avait percé à jour et elle adorait ce regard décomposé que ce genre de personnes a dans cette situation. C'est tout rouge, tout transpirant de peur, les larmes aux yeux et en courant que le jeune homme quitta la pièce. Sayaka avala la dernière gorgée de son soda avant de poser la canette vide sur la table et de reprendre sa lecture devant une salle silencieuse et admirative.

HRP: